lundi 8 juin 2009

Ellipse Sarkozienne

"Je sors de ma douche parce que j'étais faire du sport", c'est en ces termes que le Président explique une légère moiteur à sa femme qu'écoutent des journalistes fascinées. Sarko (apocope déjà évoquée ici) pratique ainsi une figure finalement assez rare : l'éllipse, du grec elleipsis : "manque", qui consiste en une omission syntaxique ou stylistique d'un ou plusieurs mots que l'esprit supplée de façon spontanée.

On a bien compris ce que voulait dire le Président, qui constitue progressivement un grand bazar lexical que vous pouvez d'ailleurs enrichir ici. Ce qui est moins compréhensible c'est cette propension à mal parler de façon de plus en plus naturelle. Passe pour un «casse-toi» de bon aloi, mais pourquoi cette déferlante de phrases absconces, cette répétition de fantaisies langagières qui lui vaudraient un "C" en rédaction de CM2 ?

On a parfois l'impression que le Président, qui fût avocat, régresse au fur et à mesure de son mandat. L'autre possibilité (en dehors d'Alzheimer, donc) c'est que cette novlangue faite de solécismes et plus certainement de barbarismes soit créée à dessein par un dircom givré, pour être plus proche du peuple. Et dans cet espéranto populaire, il y a une règle : mettre des "que" et des "quoi" partout : tous ces "Qu'est-ce que je m'apperçois ?", ces "Si y en a que ça les démange", ces "on se demande c'est à quoi ça leur a servi" ou ces "J'préfère que vous savez" semblent formés au même moule du populisme le plus servile.

On aimerait parler d'
allitérations ou de paragrammatisme devant tous ces "qui, que, quoi" visant le Français d'en bas. La peste soit de notre naïveté ; le Président lui-même donne la vraie raison de son style inimitable : "C'est quand même agréable de voir des hauts fonctionnaires à qui vous comprenez quand y parlent".

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