mercredi 25 juillet 2007

Apocope du cycliste

Nom féminin du grec apokopa, de apokopein : "retrancher". De la famille des métaplasmes, cette figure de style pointe la chute d'un ou plusieurs phonèmes ou syllabes à la fin d'un mot. Vous utilisez des apocopes tous les jours sans le savoir : métro pour métropolitain, micro pour micro-ordinateur, télé pour télé de merde, Sarko pour qui vous savez ou Ségo pour qui vous croyez savoir. À noter que par convention médiatique, Nico ne veut pas dire Nicolas Hulot.

L'apocope est une figure fétiche du langage courant, donc du journaliste moderne qui, comme la télé-réalité ou les émissions politiques, sait se mettre au niveau où il croit trouver le public. Un des intérêts de l'apocope est de générer une famile de mots nouveaux, un univers référentiel qui enrichit le sujet décrit. Ainsi de Sarko, on tire le sarkoland (sorte de dictature post-moderne), le sarkozisme (doctrine idolâtre), le sarkostan (le 9-2) ou encore la sarkozie (état d'une société angoissée). Avec un peu d'imagination, les médias eussent pu trouver la sarkolepsie (maladie post-poutinienne), le sarkozing
(comportement branché d'hommes de gauche à la recherche de sensations) ou le sarkophage. Pour ce dernier, il est vrai qu'il s'agit d'un animal qui reste à découvrir.

Foin de Sarko, l'apocope du jour s'appelle Vinokourov, donc Vino. Ce Kazakh à pédales vient de se faire pincer pour dopage sur le tour de France, et pas pour n'importe quel dopage : rejoignant pleinement le mythe de Faust, cet athlète a signé son pacte avec le diable par le sang.

Il a eu recours à une transfusion homologue, c'est à dire une transfusion du sang d'un donneur compatible pour pouvoir ré-oxygénéer ses cellules et ainsi accroitre ses performances musculaires. Comble du sordide, on soupçonne que ce donneur compatible serait son propre père qui suivait la caravane du Tour de France depuis quelques jours. Vino à alors réagi avec panache à cette suspicion consanguine : "C'est absurde ! Je peux vous dire qu'avec son sang j'aurai été contrôlé positif à la vodka."

La devise de la semaine n'aurait pas été reniée par notre dernier champion français Laurent Jalabert, surnommé Jaja : "in Vino veritas".

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