mercredi 8 juillet 2009

Oxymore, occis mort...

"Michael Jackson est mort". Curieusement, cette proposition simple pourrait être un oxymore (du grec oxumoros, figure de style associant deux notions contradictoires) tant cette mort semble être fausse : Wacko Jacko n'a jamais été aussi présent dans les médias de toute sa vie. il n'a d'ailleurs jamais autant vendu (ni été autant téléchargé) que depuis 10 jours, comme si ses albums déja anciens et vendus à millions allaient devenir rares, collectors (le domaine de l'oxymore est décidément approprié...) ! Peter Pan est évidemment éternel, comme les Beatles, les Stones, les Clash ou les Temptations. L'émotion que son envol vers Neverland suscite devrait être du pain béni pour les médias. Oui, mais bon...

"Michael Jackson est mort" : cette Une s'étirait de façon strictement identique sur une dizaine de quotidiens le 26 juin dernier, au lendemain de sa disparition, et notamment sur les quotidiens des plus grandes villes Française : le Parisien, le Progrès (Lyon), la Provence (Marseille) ou la Dépêche (Toulouse)... Au-delà d'une défaillance de la créativité, comment peut-on être aussi peu dans la vocation de la Presse Quotidienne d'aujourd'hui ? Si une rédaction pense qu'une telle Une peut faire vendre un papier de plus ou renseigner ne serait-ce qu'un seul citoyen, alors la presse est bien mal. C'est un peu comme si l'Equipe titrait "Mauresmo a perdu !", "Federer a gagné !" ou "Chabal a des cheveux !". On le sait déja. Par le JT de la veille au soir, la radio du matin, l'iPhone ou les sites et réseaux sociaux du web.

J'attendais du Parisien et de ses confrères un peu plus que ça, de l'émotion (Bambi est mort), de l'investigation (Pourquoi MJ est-il mort ?) ou du cynisme, pourquoi pas (Bonne nouvelle pour l'industrie du disque !), mais quelque chose de différent que ces Unes qui sont -au mieux- des tweets !

Le Parisien affiche même de façon légèrement surréaliste, plusieurs heures après l'événement, qu'il délivre cette info en exclusivité ! (photo ci-contre ©JFF)

Quelques semaines après le vide sidéral qui a envahi les médias a propos de la disparition du vol Rio-Paris, on peut s'interroger sur ce qui ressemble à une crise identitaire de la presse quotidienne. Quelle complémentarité avec les autres médias ? Pour converser avec quels lecteurs ? Avec quels points de vue ?... Et surtout pour donner quelle information ? À la place de quoi, les rédactions actuelles semblent faire leur la maxime de Michel Audiard : "c'est pas parce qu'on a rien à dire qu'il faut fermer sa gueule".

1 commentaire:

JF FARNY a dit…
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