mercredi 23 avril 2008

Antinomie Bushienne

L'antinomie est une figure d'opposition : une contradiction entre deux dispositions d'un même texte. Selon le Littré, il s'agit de la contradiction entre deux lois exprimée, donc, dans une même phrase. Dabeuliou Bush étant lui-même une forme incarnée d'antinomie au réel (et lui-même en phase de décadence vers l'opposition) il est capable, encore récemment, de dire des choses comme : "Les Etats-Unis ne renonceront pas à leurs efforts visant à aider le peuple Libanais (...) à résister aux ingérences dans leurs affaires intérieures"... Trois secondes de silence plus tard, on comprend donc bouche bée que, tellement attaché à la souveraineté du Liban, l'ectoplasmique président souhaite y contribuer en exerçant une sorte de devoir d'ingérence....

On n'est plus à une stupéfaction près de la part de cet expert du parler-faux qui eût pu utiliser aussi naturellement (et comme Mr Jourdain) toutes les formes recensées de figures rhétoriques d'opposition : les
antithèses (par exemple un vibrant "si le Liban est un petit pays, c'est une grande nation !"), les antiphrases ("Dans l'armée Syrienne, est sobre et modéré qui n'utilise que la grenade", pour paraphraser les Caractères de La Bruyère), les paradoxes ou antilogies ("combattre pour la paix, c'est vraiment être pacifique") et les oxymores (au hasard... "le rêve américain"), sans même parler des chiasmes (figures sophistiquées comprenant une double antithèse dont les termes sont inversés selon le Grand Larousse).

Tout cela est déprimant voire écoeurant, j'en conviens, mais ô combien illustratif du dépeçage que font les politiques du moindre mot. Ici la souveraineté, qu'il faut lire comme la sujétion à l'Empire du Bien. Plus c'est gros, plus ça fait mal ... et plus ça passe. Mais attention car, comme disait
Pierre Desproges, "Bien mal au cul ne profite jamais."

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